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Liserde au Mexique #2 - Atterrissage

  • Photo du rédacteur: Liserde
    Liserde
  • 5 mars 2010
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 22 avr. 2021

Mexico D.F

Me voilà dans la grande ville. Il fait moite, j’ai gagné sept heures. Laurune, une française, et son fils m'accueillent en douceur au sein de leur appartement. Elle me raconte des histoires fantastiques de guérisseurs qui descendent deux fois par an de leur montagne pour soigner les gens de la ville. L'une d'entre elles, réputée, a découvert que Laurune abritait une très vieille femme. Lorsque le moment fut venu de demander à cette dernière de quitter Laurune, elle s'est débattue. Laurune est sortie avec fracas de la pièce, a déambulé dans la ville, s'est retrouvée dans une voiture où elle s'est réveillée le lendemain matin, sonnée, sans rien comprendre. La guérisseuse est encore intervenue, avec une puissance décuplée... Des oeufs ont été fracassés sur sa peau, des odeurs immondes ont envahi l'espace. Laurune a les larmes aux yeux. Elle se demande si la vieille est encore là. Après cette histoire je n'arrive plus à regarder Laurune sans penser à cette autre femme qui l'habite, et je crois même la voir, par moments.

Promenade.

Je retrouve avec bonheur, sept ans après mon dernier voyage, ces rues aux chaussées éventrées où aucun arbre, aucun édifice ne s’accorde à son voisin. Quelle fraîcheur. Ici, on se rend compte à quel point Haussmann a déprimé nos villes, à quel point ce pays (et sans doute tout le continent) méprise la perspective, manie définitivement européenne.

Je tombe beaucoup ici, quand je marche. Alors je cours au musée d'Anthropologie où je reste quatre heures, un record. J'y étais déjà allée, il m'avait laissé un souvenir de douceur. Je pense à Raymonde, avec qui je partage un fort dégoût pour tout ce qui rouille et s'essouffle dans notre culture. Antonin Artaud a écrit de belles phrases là-dessus. Ce lieu est pourtant une exception. L’art précolombien réussit à respirer entre les pierres, et c’est un peu inexplicable.


Soirée chez deux jeunes amis d'amis, Sebo, cinéphile français et Mauro, photo-reporter mexicain qui travaille sur le tourisme, l’immigration, la frontière. Les Français, encore enrobés des fumées littéraires et philosophiques des années folles, sont très appréciés des intellectuels mexicains, à priori. En revanche, les franco-espagnols, comme moi, on ne sait pas bien où les caser ni comment les prendre, même si le mélange est considéré, ici, comme banal. Petites et grandes conversations s'enchainent au creux de cette joyeuse assemblée réunie autour d'une magnifique tequila ambrée qui m’a frappé les os du crâne, déjà bien engourdis par l’altitude. Bon à savoir. L’alcool étouffe la partie de mon cerveau qui distille la honte linguistique. Quand je bois, mon castillan retrouve son trajet naturel, devient presque désinvolte. Je me suis surprise à raconter mon projet de film sans aucune hésitation, et à adopter le parler mexicain, pour faire oublier l'Espagne.


Mauro et moi rêvons d’un projet ensemble, El Gran Catalogo de las Locuras (Le Grand Catalogue des Folies), inventaire planétaire des offres touristiques pénétrées par la fiction, où l'expérience vécue est toujours déclarée "authentique". Nous parlons beaucoup des immersions touristiques dans les ex-prisons du KGB en Lettonie, parcours avec faux matons qui ont eux-même été torturés, mise en scène d'interrogatoire, et, en échange d'une coquette somme, on peut même y passer la nuit.

 
 
 

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